26 janvier – Solidarité
Bologne, Plusieurs cercles du Parti Démocrate sont recouverts e peinture rouge et de tags No Tav.
janvier 26, 2014 Commentaires fermés sur 26 janvier – Solidarité
23 janvier – Solidarité
Trente, Sept distributeurs automatiques de billes de la banque de Trento et Bolzano, filiale du groupe Intesa San Paolo, sont endommagés avec de l’huile, de la colle et du silicone. Les caméras sont également mises hors d’usage et des tags recouvrent les vitrines, en solidarité avec les No Tav arrêtés.
Turin, Pendant la nuit, les murs et les rideaux de fer du siège du Parti Démocrate du quartier Barriera di Milano sont recouverts de tags en solidarité et d’insultes envers le parti politique promoteur de la ligne à grande vitesse.
Bergame, Plusieurs autobus des lignes urbaines sont recouverts de panneaux en solidarité.
janvier 24, 2014 Commentaires fermés sur 23 janvier – Solidarité
Déclaration de solidarité de la lutte contre l’aéroport au mouvement NoTav
Dans la nuit du 13 au 14 mai 2013, une trentaine d’anonymes No Tav a attaqué le chantier de la ligne à Grande Vitesse Lyon- Turin en Val Susa, entrant à l’intérieur et incendiant du matériel et des équipements.
Un sabotage inscrit dans la lutte, qui avait été soutenu publiquement par le mouvement NoTav.
Le 9 décembre 2013, la police politique, sur ordre des parquets de Turin et Milan, a incarcéré quatre compagnon-nes, Chiara, Mattia, Niccolo et Claudio suspecté-es d’avoir pris part à l’action de Mai.
Les chefs d’accusation sont « attentat à finalité de terrorisme », et d’avoir eu pour objectif de « contraindre les pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque » (dans ce cas le financement et la réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Turin-Lyon), « causant ainsi un grave préjudice à l’Italie et à l’Union Européenne » (article 270sexies du code pénal italien reprenant la définition européenne).
Le 8 janvier 2014, l’assemblée des comités NoTav a exprimé sa solidarité avec les inculpé-es et a déclaré que « cette attaque répressive ne vise pas tant une action spécifique, mais le mouvement dans son ensemble et toutes ces années d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions ».
De plus, elle dénonce « que tout ce qui met en discussion un projet étatique est passible de terrorisme. Il reste seulement le désaccord platonique et être réduit à un mouvement d’opinion. La démocratie parle aujourd’hui un langage clair : Nos décisions ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste ».
Depuis Notre Dame des Landes et la lutte que nous menons contre l’aéroport et son monde, nous partageons l’analyse que l’utilisation de la catégorie de terrorisme contre le mouvement NoTav est l’application d’un dispositif pouvant frapper n’importe quelle lutte qui ne se résigne pas face aux expropriations, aux expulsions, aux matraques, aux gaz, aux arrestations, aux incarcérations.
Nos luttes contre le saccage du territoire orchestré par les gouvernements et leurs alliés « bétonneurs » se font échos.
Ici et là-bas, notre NON n’est pas négociable.
Nos vies et nos espaces de vies ne sont pas aménageables.
En Val Susa, la résistance au projet continue malgré le début du chantier.
A Notre Dames des Landes, nous continuons à nous opposer à tous travaux de l’aéroport.
Nous n’oublions pas que la répression frappant quelques personnes a été, est et sera utilisée pour tenter d’affaiblir les mouvements de lutte : cette vieille technique pour diviser et terroriser.
Ainsi nous souhaitons envoyer un message de solidarité à Chiara, Niccolo, Claudio et Mattia, aux presque 400 NoTav poursuivies par la justice, et à la résistance No Tav.
Les terroristes sont ceux qui saccagent et détruisent nos vies et les lieux que nous habitons.
En Val Susa comme à Notre Dames des Landes, nous ne nous laisserons pas intimider par ces manœuvres répressives.
Au contraire, cela renforcera nos solidarités et notre détermination.
La lotta non si arresta.
La lutte ne s’arrête pas.
L’assemblée du mouvement contre l’aéroport réunie à Notre Dame des Landes, 21 Janvier 2014.
Communiqué trouvé sur https://zad.nadir.org/spip.php?article2126
janvier 24, 2014 Commentaires fermés sur Déclaration de solidarité de la lutte contre l’aéroport au mouvement NoTav
22 janvier – Solidarité
Turin, Alors qu’au Palais de justice se déroulent les interrogatoires des quatre compagnons et qu’un grand nombre de CRS et de flics en civils font le siège du tribunal et de la gare de Porta Nuova, une trentaine de compagnon-ne-s bloque le gros rond point de la gare Dora avec des banderoles, des poubelles et des câbles d’acier. Des tags sur les panneaux alentours expliquent que ce blocage est une réponse à la suspension des parloirs, décidée par les procureurs.
janvier 23, 2014 Commentaires fermés sur 22 janvier – Solidarité
19 janvier – Solidarité
Créma, Des banderoles sont suspendues sur la bretelle de la nationale en direction de Milan : « Le terroriste c’est l’État. No Tav ».
janvier 20, 2014 Commentaires fermés sur 19 janvier – Solidarité
22 fév. : journée nationale de mobilisation et de lutte par la coordination des comités NoTav
Samedi 22 Février – Journée nationale de lutte
La coordination des comités NoTav, réunie le Mercredi 8 Janvier 2014 à Villar Focchiardo a évalué attentivement la situation juridique gravissime créée suite aux dernières arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, pour lesquels s’est construit un château de chefs d’accusation étudié justement pour intimider toutes les sacro-saintes luttes qui, aussi grâce au mouvement NoTav, sont en train de grandir dans tout le pays.
a effectivement remarqué que dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie « terroriste » pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de « terrorisme ». Il reste seulement le désaccord platonique et être réduit à un mouvement d’opinions. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent : « Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste, je t’enferme en prison et je jette la clé ».
Rappelant que d’une époque à l’autre, l’État et « les pouvoirs forts » attaquent frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. Il devient évident que l’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous, pour n’importe que mouvement de lutte. Devient donc terroriste n’importe qui conteste les décisions de l’état, et vient démantelé le pacte social pensé par la Constituante.
A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature « terroriste » de la lutte contre le Tav ne caractérise pas un soi-disant « saut qualitatif », mais bien ses fondements même : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent. Ne pas s’être résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres.
Pour ces raisons le Mouvement NoTav
ANNONCE ET PROPOSE POUR LE 22 FEVRIER UNE JOURNEE NATIONALE DE MOBILISATION ET DE LUTTE CHACUN DANS SON PROPRE TERRITOIRE à toutes les composantes de lutte qui résistent et se battent contre le gaspillage des ressources publiques, contre la dévastation du territoire, pour le droit au logement, pour un travail digne, sûr et rémunéré justement. Une journée nationale de lutte, territoire par territoire en défense du droit naturel et constitutionnel de s’opposer aux décisions du gouvernement qui ne tiennent compte que des intérêts des puissants, des lobby, des banques et des mafias au détriment des populations. Une mobilisation commune contre l’utilisation délirante des lois de la part des procureurs et de la magistrature turinoise et en solidarité aux compagnons de lutte incarcérés, aux compagnons de lutte déjà condamnés, et aux innombrables résistants qui doivent encore affronter le jugement pour avoir défendu les biens communs, une journée de lutte à laquelle suivra à la mi-mars un rendez-vous à Rome pour la défense et la légitimité des luttes sociales.
En préparation de la journée de lutte, une invitation à effectuer des assemblées sur les territoires pour sensibiliser la population autant sur ces thèmes autant sur les projets qui s’y opposent. En Vallée de Susa sur les projets de déplacement du parking autoroutier de Susa à San Didero, de déplacement de la route de Guida Sicura de Susa à Avigliana et de la ligne ferroviaire dans le territoire de Borgone. Proposition approuvée par la coordination des comités du Mouvement NoTav.
janvier 20, 2014 Commentaires fermés sur 22 fév. : journée nationale de mobilisation et de lutte par la coordination des comités NoTav
18 janvier – Solidarité
Turin, Le rassemblement de cadres et dirigeants du Parti Démocrate devant la préfecture en solidarité avec Stefano Esposito et Massimo Numa est perturbé par une dizaine de No Tav derrière une banderole « Liberté pour Chiara, Claudio, Mattia et Nicco ».
janvier 19, 2014 Commentaires fermés sur 18 janvier – Solidarité
17 janvier – Solidarité
Rimini, Pendant la nuit, deux camions de l’entreprise Emir, partenaire de l’entreprise CMC, sont incendiés en « Solidarité à Nicco, Claudio, Chiara et Mattia et à la lutte No Tav ». Le président de l’entreprise se plaignant d’être désormais un associé minoritaire de la CMC, fait le compte des dommages (50 000 euros) et déclare « Si ce qu’ils veulent c’est frapper les collaborateurs de CMC, ils auraient entre 200 et 300 objectifs éparpillés dans toute l’Italie ».
janvier 18, 2014 Commentaires fermés sur 17 janvier – Solidarité
14 janvier – Solidarité
Sangano, Une vingtaine de No Tav se rassemble tard le soir devant l’hôtel San Giorgio qui loge les chasseurs de Sardaigne (militaires) en garnison au chantier de Chiomonte. Pendant une demi-heure, ils bloquent la route devant l’auberge et perturbent le sommeil des troupes au moyen de slogans et de banderoles contre le Tav et en solidarité avec les inculpé-e-s.
janvier 15, 2014 Commentaires fermés sur 14 janvier – Solidarité
Quand l’ennemi parle clairement
Brève réflexion sur les dernières arrestations NO TAV
Elle était dans l’air l’opération répressive qui a mené 3 compagnons et une compagnonne en prison accusés d’avoir participé dans la nuit du 13 au 14 mai dernier à l’action contre le chantier du TAV à Chiomonte en Val di Susa.
Évidemment on ne savait pas qui serait frappé, ni précisément pour quoi. Mais le refrain répété de manière obsessionnelle depuis des mois par tous les médias nationaux et les représentants les plus en vue du Parti transversal pro-TAV ne laissait pas de doutes.
L’annonce du procureur en chef de Turin, Caselli, de prendre sa retraite quelques mois en avance n’avait pas échappé aux plus attentifs. Une nouvelle qui ne laissait rien présager de bon : il est difficile d’imaginer qu’un tel personnage abandonne la scène en silence.
C’est ainsi qu’après avoir tâté un peu le terrain cet été, à coups d’enquêtes et de perquisitions contre divers No Tav avec l’accusation « d’attentat à visée terroriste » (article 280), l’inévitable duo des procureurs turinois Padalino-Rinaudo retente le coup quelques mois plus tard avec les arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolo, comme un ultime salut respectueux à leur parrain-Caselli et en espérant grimper quelques échelons dans la course à sa succession.
En plus de l’article 280 déjà cité, les accusations sont : « acte de terrorisme à l’aide d’engins pouvant entraîner la mort ou explosifs, dégradations par voie d’incendie, violence contre agents de police, détention et transport d’armes de guerre ».
Ces accusations, qui enlèvent la possibilité d’obtenir des mesures de contrôle judiciaire (alternatives à la prison : assignation à résidence, obligation ou interdiction de se trouver dans un territoire, etc), impliquent un temps de prison préventive très long, et elles menacent de se transformer en condamnations qui pourraient dépasser les 20 ans de prison si les chefs d’inculpation devaient rester les mêmes lors du procès.
Pour être plus précis, les 4 compagnons incarcérés sont accusés, entre autres, d’avoir en réunion et avec d’autres personnes « en cours d’identification », attenté à la vie et à l’intégrité des personnes chargées des travaux de construction du tunnel d’exploration et à des personnes responsables de l’ordre public, aux fins de « contraindre les pouvoirs publics ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque » (dans ce cas le financement et la réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Turin-Lyon), « causant ainsi un grave préjudice à l’Italie et à l’Union Européenne » (article 270sexies du code pénal).
Une simple constatation à relever est que personne après cette action contre le chantier du TAV, qu’il s’agisse d’ouvrier, de policier ou de militaire, n’a signalé la moindre égratignure ni présenté d’interruption temporaire de travail. En revanche, il vaut la peine de rentrer un peu dans les détails de l’article 270sexies.
Inclu dans le « Paquet sécurité Pisanu » (Juillet 2005), cet article devait servir à reformuler la définition d’ « attitude terroriste » en l’élargissant de manière significative. Elle exploitait la vague d’émotion suscitée lors des massacres de Madrid en 2004 et de Londres en 2005. Ces nouvelles normes, apparemment applicables contre les bombes de Madrid (qui contraignirent le gouvernement de Zapatero à retirer ses troupes d’Irak), se caractérisaient par une définition volontairement vague.
Déjà compagnons et avocats étaient conscients que divers contextes de luttes en feraient les frais. L’apparition de l’article 270sexies dans une instruction contre des No Tav n’est donc pas une anomalie judiciaire mais bien l’application d’un dispositif pensé dès le départ contre le conflit social.
Ce n’est sûrement pas un hasard que cette carte soit jouée pour la première fois justement en défense du chantier du TAV à Chiomonte, où déjà les barbelés israéliens, les militaires et les tanks de retour d’Afghanistan, rendaient toujours plus inexistante la frontière entre guerre intérieure et guerre extérieure.
Cette nuit-là un générateur, une armoire d’alimentation d’une turbine d’aération, des câbles électriques et des canalisations de la turbine ont été incendiés. Du matériel servant à la réalisation du tunnel d’exploration dont la dégradation bloque ou ralentit concrètement l’avancement des travaux.
Un acte tout autre qu’indiscriminé, un geste qui affirme directement son propre objectif.
Une action de sabotage exemplaire, en bref, un sabot jeté dans la machine du chantier pour en enrayer le fonctionnement.
Une chose bien comprise par le mouvement No Tav, comme le démontraient les déclarations et les communiqués des jours suivants. Pour la première fois en Italie en trente ans, un mouvement de masse revendiquait le sabotage comme pratique. Dans l’histoire réelle, qui est bien différente de celle écrite par la justice, la pratique du sabotage a été assumée publiquement par le mouvement. Ceci parce que les formes constantes et catégoriques de refus massif contre ce grand chantier ont été constamment et catégoriquement ignorées. Preuve en est le fait que le chantier d’un tunnel d’exploration soit devenu « site d’intérêt stratégique national » définition reprise par le dossier d’instruction des procureurs Rinaudo-Padalino non pas d’une norme gouvernementale, mais de la revue de la Haute Défense Étatique. Tout ceci a créé de beaux ennuis au Parti pro-Tav, vu l’influence dont jouit la lutte en Val di Susa. De même ailleurs nous pensons à la lutte No Muos lutte contre l’installation d’antennes militaires USA en Sicile où le mot sabotage est de nouveau au goût du jour, préoccupant plus encore « la mère de toutes les préoccupations » (= la démocratie italienne), comme le dit madame Cancellieri-Ligresti ministre de la justice et politicien.
C’est à cette lumière que doit être lu le dossier de l’instruction.
Suite aux arrestations du 9 Décembre, beaucoup ont souligné comment les accusations de terrorisme, reprises en cœur par toute la presse, tentaient de diviser encore une fois le mouvement. Après le « nous sommes tous des black-blocs » scandé à l’unisson suite au 3 Juillet Le 3 juillet 2011 des milliers de personnes manifestent contre l’expulsion de la Maddalena, avec des affrontements de plusieurs heures et une belle détermination à reprendre le lieu de résistance . Des arrestations s’en suivent, l’Etat et ses médias tente de diviser. Un slogan est lancé et porté par l’ensemble du mouvement en lutte « nous sommes tous des blacks blocs »., cette fois encore la tentative d’isoler les 4 compagnons incarcérés, en divisant le mouvement entre bons et mauvais, entre habitants de la vallée pacifistes et extrémistes venus d’ailleurs, a misérablement échoué.
En matière de division, bien peu de personnes pouvaient encore avoir des doutes et les enquêteurs eux-mêmes ne se faisaient pas trop d’illusions. A travers ces accusations de terrorisme, l’objectif porté par les autorités semble être tout autre.
Dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie « terroriste » pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Suivons cette logique. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de « terrorisme ». Il reste seulement le désaccord platonique. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Benito Mussolini aurait dit « rien hors de l’État, rien contre l’État ». Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent : « Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste ».
La démocratie est une porte blindée contre toute forme de désaccord (à part celui concédé de se plaindre) ; le désaccord ne s’arrête pas, la porte est donc blindée avec barbelés et militaires ; le désaccord se fait sabotage, et cela révèle les « finalités terroristes » de la lutte No Tav. En quelques sortes, les deux procureurs turinois disent explicitement ce qui était jusqu’ici implicite : les décisions d’un État démocratique sont incontestables. Quelle que soit la lutte, y compris un conflit syndical, elle cherche toujours à pousser la contrepartie à « accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque » (comme récite l’article 270sexies). Le bien nommé pacte social, ou la dialectique entre les parties sociales, se fondait formellement sur ceci : ce qui aujourd’hui est illégal peut demain devenir un droit. C’était l’époque, commencée dans l’Après guerre, pendant laquelle on voulait intégrer les paysans et les ouvriers dans le Grand Compromis : si vous me donnez votre force de travail, je vous concède des droits. Et bien, cette histoire-là est finie. C’est cela la démocratie. En dehors ou contre cela, il y a le Mal, il y a le terrorisme. Dire que tout cela pourrait concerner n’importe quel mouvement de lutte est alors banal. Ce qui est moins banal, c’est d’en tirer les conséquences. D’une époque à l’autre, la classe dominante attaque frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. L’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous.
A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature « terroriste » de la lutte contre le Tav ne caractérise pas pas un soi-disant « saut qualitatif », mais bien ses fondements mêmes : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent.
Ne s’être pas résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres.
En ce sens, la défense des compagnons incarcérés et inculpés pour « terrorisme » n’est pas seulement un acte de devoir de solidarité, mais la revendication entêtée de la lutte et de ses raisons.
Cueillir l’enjeu de cette opération répressive et relancer les résistances, dans la Vallée comme ailleurs, est l’affaire de chacun et de tous.
Traduit de l’italien depuis sur informa-azione.info
janvier 14, 2014 Commentaires fermés sur Quand l’ennemi parle clairement