solidarité avec Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò
Random header image... Refresh for more!

Posts from — novembre 2005

Bas les pattes du Val Susa,

Cela fait plus de 10 ans que la population du Val Susa, dans le Piémont, se mobilise contre le projet d’une oeuvre monstrueuse : la ligne à grande vitesse Turin-Lyon.
Le train à grande vitesse (TGV et Tav en italien) se veut à la pointe de l’innovation ferroviaire, et est défini comme une étape inévitable du progrès et de la technologie (aucun politicien, aucun journaliste apparu à la télé ces derniers jours n’a imaginé remettre en discussion le projet). Mais vu que les miracles sont rares, il faut en payer le prix : lignes entièrement nouvelles avec des quais modifiés géométriquement, une alimentation électrique différente et des coûts de manutention très élevés.
Ceci signifierait pour les valsusains la destruction de leur terre. Des tonnes de béton envahiraient la vallée pour construire une ligne ferroviaire qui traverserait les villages, trouant par de longs tunnels les proches montagnes où se trouvent de fortes concentrations d’amiante, d’uranium et de radon.
Le tout pour faire circuler plus rapidement des marchandises et des hommes d’affaire.

Ce qui s’est créé au cours des années comme opposition au Tav a été un large mouvement qui comprend des gens « ordinaires », des groupes écologistes, certaines institutions locales et des comités de lutte. Ces derniers sont nés dans l’intention d’informer tous les valsusains du « problème Tav » et de créer ensemble des moments de lutte contre le projet.
Après une manifestation océanique en juin où plus de trente mille personnes ont marché dans la vallée en levant les drapeaux « No Tav », les comités populaires ont donné vie à trois rassemblements permanents sur les terrains où devraient commencer les sondages dans les montagnes (premier pas vers la réalisation des tunnels).
Nés pour veiller constamment sur la zone, ce sont vite devenus des lieux de rencontre, de socialisation, de confrontation réciproque et de passage des informations. Là, jeunes, familles et anciens se retrouvent chaque jour, faisant vivre une expérience d’autogestion qui va au-delà d’un projet dévastateur. Les rassemblements ont grandi grâce à la contribution de chacun, dans la mesure et la forme de ses possibilités : l’un fournissant les sièges, l’autre un poêle à chauffer, l’un cuisinant et l’autre portant un peu de bon vin. Dans ces moments, les gens se donnent la possibilité de créer un mode de vivre non programmé par la routine quotidienne, la mettant et se mettant en discussion. Des personnes qui peut-être peu de temps auparavant ne se seraient pas saluées se parlent à présent, réfléchissent, se disputent et programment ce qui est leur propre défense et la survie de la vallée. Le vif esprit d’autogestion, d’assemblées et de rassemblements s’est trouvé fort à faire avec le rôle de médiation des maires et des institutions locales, ou avec la poigne de fer de la région Piémont et du gouvernement. Se trouvant pris entre deux feux, d’une part une population qui s’oppose au Tav sans si et sans mais et de l’autre le sommet de leur parti qui insiste à plusieurs reprises pour commencer les travaux, les maires et les conseils locaux ont cherché à ralentir le temps à tout prix. (…)

[Extrait d’El Salvanèl n°3, novembre 2005]

Extrait de A toute allure, La lutte du Val Susa contre le TGV Lyon-Turin par Quelques révoltés métropolitains (première parution : décembre 2005)

novembre 12, 2005   Commentaires fermés sur Bas les pattes du Val Susa,