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SAMEDI 15 MARS 2014,
au squat Le Transfo,
57 avenue de la République,
Bagnolet (métro Gallieni)

18h Discussion
20h Concert Bouffe Tombola

Prix libre

Serpe in Seno – Pugni in Tasca – Ultima colonna crew (rap, Roma)
Cerna (rap, Ariège)
Ab-Horigen – La Gorgia (hardcore, Torino)
Klunk (yiddish klezmer punk, Paris)

Le 9 décembre dernier, quatre compagnons ont été arrêtés à Turin et à Milan. Ils sont accusés d’avoir participé à une attaque incendiaire du chantier de la TAV (TGV italien) en Val Susa. Ils ont été incarcérés pour acte terroriste avec des engins mortels ou explosifs, détention d’armes de guerre et destruction. Sous de telles accusations la détention préventive peut être longue. Ils passeront en procès le 14 mai.
L’argent récolté au concert servira à leur envoyer des mandats et à les soutenir financièrement face à une procédure coûteuse.
La discussion avant le concert sera l’occasion de revenir sur les derniers événements et sur des années de lutte contre la TAV en Val Susa et ailleurs, à laquelle beaucoup de personnes de ce côté-ci des Alpes se sont intéressées et ont participé.

Le terroriste c’est l’Etat !
Liberté pour Chiara, Claudio, Niccolò, Mattia !
Liberté pour tou-te-s !

Turin, A partir de 13h de nombreux rassemblements se tiennent sur plusieurs places de la ville puis convergent vers la Piazza Castello. La manifestation jouit d’une très forte participation.

Valsusa, La manifestation partie de la gare de Chiomonte pour arriver aux portes du chantier de la grande vitesse rassemble plus de 2000 personnes. Beaucoup d’interventions ont défendu la pratique du sabotage : « Si le terrorisme c’est de résister, alors nous sommes tous terroristes ». Une banderole équipée de ballons de baudruche flotte au-dessus du chantier : « Liberté pour les No Tav »

Milan, Grande participation pour la manif’ régionale qui a traversé les rues du centre-ville. Le long du parcours les murs sont littéralement recouverts de tags et plusieurs caméras et distributeurs de billets sont mis hors d’usage. Deux chantiers de Expo 2015 sont pris pour cibles, les grillages de l’un d’entre eux sont forcés tandis que l’autre est recouvert de dessins. Deux énormes banderoles sont déployées sur une grue et sur un immeuble. La manifestation se termine sous les murs de la prison San Vittore pour saluer les prisonnier-e-s qui répondent chaleureusement.

Bologne, Quelques centaines de personnes dans la manifestation qui se dirige vers la gare près de laquelle est réalisée une fresque et déployée une banderole : « Le Tav doit être saboté, liberté pour tous »

Naples, Des milliers de manifestant-e-s défilent unissant la solidarité aux No Tav en prison à celle aux dix chômeurs incarcérés la semaine précédente.

Rome, Des milliers de personnes manifestent dans les rues de trois quartiers différents, réaffirmant leur solidarité aux No Tav incarcéré-e-s et se remémorant Valerio Verbano assassiné par des fascistes le 22 février 1980.

Trieste, Quelques centaines de personnes manifestent et contestent la banque San Paolo impliquée dans la réalisation de la ligne Turin-Lyon.

Trente, Environ 300 personnes défilent dans la ville.

Gênes, Un rassemblement de 300 No Tav – Terzo Valico se transforme en manifestation qui parcourt les rues de la ville en direction du siège du réseau ferroviaire. Celui-ci est transformé en chantier aux moyens de grillages, panneaux et décombres pendant qu’une grande banderole est déployée sur le Ponte Monumentale.

Ivrea, Au cours d’un rassemblement devant les murs de la prison, les compagnon-ne-s ont souligné combien la question du Tav et celle des détenu-e-s en général sont désormais étroitement liées.

Modène, Beaucoup de manifestant-e-s ont protesté contre la dévastation du territoire et en solidarité avec les No Tav.

Valle Scrivia, Les 500 manifestant-e-s rassemblé-e-s autour du chantier du Terzo Valico de Pozzuolo Formingaro ont arraché 8 kilomètres de grillage d’enceinte.

Florence et Pise, Deux manifestations se sont déroulées.

Nantes, La manifestation appelée contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a fermement pris position en solidarité avec la lutte et les incarcéré-e-s No Tav en Italie. Pendant la manifestation une banderole est suspendue entre deux immeubles « Chiara, Claudio, Niccolò, Mattia, Liberté pour tou-te-s. No Tav, résistance et sabotage ». Des manifestant-e-s lancent sur les caténaires SNCF des pochons de sable reliés par des cordons, bloquant le trafic ferroviaire pendant des heures. L’agence SNCF du centre ville est recouverte de tags en solidarité avec les quatre et ses vitrines sont impactées. Une foreuse du chantier SNCF est incendiée.

D’autres manifestations ont eu lieu à Lecce, Novara, Grugliasco, Rome, Vercelli, Pavie, Pistoia, Brescia, Ravenne, Caltanisetta, Bari, Martesana, Belluno, Asti, Reggio Emilia, Adria, Perouse, Legnago, Pesaro, Cremone, Cosenza, Albano, Barletta, Marina di Carrara, Oriolo Romano, Cesena, Savone, Benevento, Mantoue, Taranto, Vintimille, Lugano, Athènes, Thessalonique, péninsule Chalcidique, Istanbul…

Turin, Des tags apparaissent en solidarité avec les quatre arrêté-e-s : «  Chiara, Claudio, Mattia et Nicco libres tout de suite » ou « 500 inculpés No Tav, mais Padalino on est encore là ».

Cesena et Forli, Dans la matinée, deux routes sont bloquées avec des chaînes, des fumigènes et des banderoles : « Solidarité No Tav ».

Rivoli, Une heure de blocage devant la caserne Ceccaroni où sont en garnison des chasseurs alpins engagés en Val Susa. Plusieurs dizaines de No Tav retardent pendant une heure le changement de garde en bloquant la route.

Padoue, Le siège du Parti Démocrate est recouvert de tags : « Les terroristes c’est vous ! ».

Sangano, Un petite heure de perturbation pour le repos des « alpins », hébergés à l’Hôtel San Giorgio.

Toulouse, Une quinzaines de solidaires bloque le péage de l’autoroute Toulouse-Paris A620.

Cela fait plus de 10 ans que la population du Val Susa, dans le Piémont, se mobilise contre le projet d’une oeuvre monstrueuse : la ligne à grande vitesse Turin-Lyon.
Le train à grande vitesse (TGV et Tav en italien) se veut à la pointe de l’innovation ferroviaire, et est défini comme une étape inévitable du progrès et de la technologie (aucun politicien, aucun journaliste apparu à la télé ces derniers jours n’a imaginé remettre en discussion le projet). Mais vu que les miracles sont rares, il faut en payer le prix : lignes entièrement nouvelles avec des quais modifiés géométriquement, une alimentation électrique différente et des coûts de manutention très élevés.
Ceci signifierait pour les valsusains la destruction de leur terre. Des tonnes de béton envahiraient la vallée pour construire une ligne ferroviaire qui traverserait les villages, trouant par de longs tunnels les proches montagnes où se trouvent de fortes concentrations d’amiante, d’uranium et de radon.
Le tout pour faire circuler plus rapidement des marchandises et des hommes d’affaire.

Ce qui s’est créé au cours des années comme opposition au Tav a été un large mouvement qui comprend des gens « ordinaires », des groupes écologistes, certaines institutions locales et des comités de lutte. Ces derniers sont nés dans l’intention d’informer tous les valsusains du « problème Tav » et de créer ensemble des moments de lutte contre le projet.
Après une manifestation océanique en juin où plus de trente mille personnes ont marché dans la vallée en levant les drapeaux « No Tav », les comités populaires ont donné vie à trois rassemblements permanents sur les terrains où devraient commencer les sondages dans les montagnes (premier pas vers la réalisation des tunnels).
Nés pour veiller constamment sur la zone, ce sont vite devenus des lieux de rencontre, de socialisation, de confrontation réciproque et de passage des informations. Là, jeunes, familles et anciens se retrouvent chaque jour, faisant vivre une expérience d’autogestion qui va au-delà d’un projet dévastateur. Les rassemblements ont grandi grâce à la contribution de chacun, dans la mesure et la forme de ses possibilités : l’un fournissant les sièges, l’autre un poêle à chauffer, l’un cuisinant et l’autre portant un peu de bon vin. Dans ces moments, les gens se donnent la possibilité de créer un mode de vivre non programmé par la routine quotidienne, la mettant et se mettant en discussion. Des personnes qui peut-être peu de temps auparavant ne se seraient pas saluées se parlent à présent, réfléchissent, se disputent et programment ce qui est leur propre défense et la survie de la vallée. Le vif esprit d’autogestion, d’assemblées et de rassemblements s’est trouvé fort à faire avec le rôle de médiation des maires et des institutions locales, ou avec la poigne de fer de la région Piémont et du gouvernement. Se trouvant pris entre deux feux, d’une part une population qui s’oppose au Tav sans si et sans mais et de l’autre le sommet de leur parti qui insiste à plusieurs reprises pour commencer les travaux, les maires et les conseils locaux ont cherché à ralentir le temps à tout prix. (…)

[Extrait d’El Salvanèl n°3, novembre 2005]

Extrait de A toute allure, La lutte du Val Susa contre le TGV Lyon-Turin par Quelques révoltés métropolitains (première parution : décembre 2005)